La Place,

une expérience atypique

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La Place était un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) géré par l’association Le Relais Ozanam à Grenoble qui a ouvert ses portes en 2008 et les a fermé en 2011. De ateliers, une exposition et un livre ont été réalisés par l’association dans ce lieu. Cet article retrace ce parcours.

Naissance du projet

(Très) bref historique,

de l’ouverture du centre…

La Place était un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) géré par l’association Le Relais Ozanam à Grenoble qui a ouvert ses portes en 2008 et les a fermé en 2011. Il avait pour vocation d’accueillir dix-neuf personnes en errance, femmes ou hommes (isolés ou en couple), désocialisés et vivant à la rue, particulièrement celles accompagnées d’animaux. L’objectif était d’offrir un hébergement sur une durée non-limitée, à seuil d’exigence adapté, conçue autour d’un séjour souple et individualisé.

Durant trois ans, l’équipe et les habitants de La Place ont construit et partagé un quotidien autour d’un projet social intégrant des axes forts tels que la non-contractualisation de l’accompagnement ou l’inconditionnalité de l’accueil. Soutenus par l’association Le Relais Ozanam et par les nombreux partenaires et bénévoles, ils ont réussi à réfléchir main dans la main sur des sujets complexes comme l ‘accueil des animaux au sein de la structure ou la pratique de réductions des risques liés aux usages de drogue.

A sa fermeture…

Le 26 juin 2011, La Place a fermé faute de  moyens financiers. Il est difficile d’expliquer en quelques lignes comment un lieu reconnu de tous a pu disparaître. C’est évidemment paradoxal lorsque le nombre de personnes à la rue reste aussi important. à travers ce livre, nous espérons témoigner de la pertinence d’une structure sociale comme La Place et  plus largement de la nécessité d’apporter des réponses sociales respectant à la fois la dignité, la  parole et les droits des personnes accompagnées ou hébergées.

Un photographe à La Place :

Nicolas a été le premier d’entre nous à rentrer en lien avec l’équipe de La Place.

« J’ai appris l’existence de La Place par Thibaut, membre de l’association Esca. Un soir, alors que je lui expliquais ma démarche de photo-reportage valorisant les professions du travail social, il m’a proposé d’entrer en relation avec le coordinateur de ce lieu.

C’est dans un bistrot grenoblois que j’ai rencontré pour la première fois David Laumet. Je lui ai présenté mon travail, lui m’a expliqué le fonctionnement de ce CHRS. Il ne m’a rien promis, attendant l’avis de son équipe. Je l’ai retrouvé quelques semaines plus tard, à La Place cette fois-ci, dans le préfabriqué de l’équipe. Comme leur coordinateur, l’équipe était accueillante et à mon écoute, elle était aussi intéressée par mon travail et a rapidement validé la possibilité de ma venue. Cependant, elle souhaitait d’abord que je demande l’avis des personnes hébergées lors de leur réunion.

Une semaine plus tard, j’ai rencontré une dizaine d’hommes et de femmes, dans une ambiance souriante, pour présenter mon photo-reportage.

Cette rencontre a été déconcertante. Ils ont accepté que je vienne prendre des photos sans réellement exprimer un avis sur ma démarche. C’est ainsi que j’ai pu commencer à venir régulièrement pour voir la vie de ce lieu peu commun.

Au fur et à mesure des rencontres, il est devenu plus facile de prendre des photos, d’observer la vie des habitants et le travail de l’équipe. Le portail ne m’a jamais été fermé. David Laumet m’a même rapidement donné un double des clés. Les membres de l’équipe ont toujours pris le temps de discuter avec moi pour présenter leur travail ou pour me raconter la vie de la structure.

Naturellement, il a été plus facile de créer du lien avec certains qu’avec d’autres.

Je me rappelle de mes premières rencontres avec un des hébergés. Il m’impressionnait et m’imposait un respect difficilement identifiable. Il m’a fallu du temps pour être à l’aise à ses côtés et pour apprendre à le connaître. Aujourd’hui, j’ai toujours le même respect pour lui et je sais que c’est une personne pleine d’humour avec une histoire incroyable.
J’essayais de présenter régulièrement mes photos et les différentes formes de reportage que j’expérimentais. Dans ces premiers pas à La Place, ma démarche et ses objectifs n’étaient pas réellement affinés. Par la suite, Lionel s’est associé à ce travail et ensemble, nous avons proposé un atelier de collage photographique.»

C’est ainsi qu’en avril 2010 a eu lieu la réalisation du projet “De l’intérieur vers l’extérieur”.

Déroulé des ateliers
Atelier Et pourquoi pas? Petites soeurs des pauvres

De l’intérieur vers l’extérieur :

Ce premier projet consistait à intervenir visuellement sur le mur extérieur de la structure pour contrecarrer son aspect anonyme. Dissimulée derrière une haute palissade, La Place était peu visible lorsque on circulait dans la rue. Ainsi, le seul accès visuel était le portail dont les barreaux laissaient passer les regards souvent curieux des passants.

L’idée initiale consistait à afficher un panorama photographique de l’intérieur de La Place en grand format. Le projet a rapidement dévié vers une fresque murale intégrant plusieurs thèmes. Les photos qui illustraient la vie du lieu, étaient extraites de celles que nous prenions au quotidien.

En mars 2010, nous avons fait une première sélection de photos que les personnes concernées ont validée. Par la suite, nous avons pris le temps de leur expliquer notre démarche et les avons conviés à participer au collage.

Le 24 et 25 avril, notre tandem passait enfin à l’action avec l’aide d’Audrey Chic, membre de l’association Et Pourquoi Pas ?, des membres de l’équipe en poste et un habitant de La Place. Lorsque nous sommes arrivés ce jour-là, nous avons préparé le matériel aux vues de tous, puis, nous avons incité toutes les personnes que nous avons croisées à participer. Un seul habitant a réellement mis les mains dans la colle et nous a aidé à réaliser la fresque. Il a aussi été à l’initiative des cadres de couleurs autour des photos ainsi que des graffitis.

Des ateliers artistiques

Si la participation était réduite, les personnes présentes ce jour-là sont venues nous observer d’un œil curieux. Nous avons échangé avec elles sur ce qu’elles en pensaient. Le résultat “esthétique” a reçu l’approbation de nombreux habitants, professionnels ou voisins. Cela a été une réussite qui nous a donné envie de continuer tout en encourageant un peu plus la participation lors des temps de collage.

Suite à cette expérience, Matthieu nous a rejoint, ajoutant les arts plastiques et plus particulièrement la peinture à nos interventions. Progressivement, la cadence s’est accélérée et nous avons davantage formalisé notre démarche. Un calendrier d’ateliers d’expression artistique a alors été mis en place. Le projet a reçu le soutien financer de la Fondation Abbé Pierre (FAP), par l’intermédiaire de Marc Uhry, délégué régional. Ce financement couvrait la réalisation des ateliers et d’un livre relatant l’histoire de La Place.

Les ateliers d’expression artistique :

Les ateliers artistiques étaient le prolongement du projet précédent. Sa réussite avait encouragé à approfondir et enrichir la démarche, notamment par l’apport des arts plastiques et particulièrement de la peinture. La régularité de ces ateliers, toujours annoncés à l’avance, a également permis au projet d’être identifié par les habitants. Douze week-ends d’ateliers ont été organisés entre septembre 2010 et juin 2011.

Les objectifs de ce projet étaient nombreux et parfois ambitieux.

Nous souhaitions proposer des moyens d’expression par l’image.

Le premier collage sur le mur extérieur avait pour ambition d’interroger les représentations des riverains et des passants et de favoriser l’intégration de La Place en la montrant de l’intérieur. Dès ce premier atelier, nos activités devaient être un prétexte pour susciter l’échange, la créativité et pour favoriser le potentiel de chacun. C’est à travers ces objectifs, que nous avons souhaité réaliser nos ateliers avec une démarche de valorisation des capacités des personnes.
En dehors de ces ateliers, nous passions ponctuellement pour partager du temps avec les personnes de La Place.

C’était l’occasion de faire des photos et de “prendre la température” de la structure. Afin de favoriser la participation durant les ateliers, nous venions la semaine précédente pour présenter aux habitants et professionnels les photos que nous avions prises. Ensemble, nous choisissions celles qui allaient être collées et où nous allions les afficher. Pour chacune des photos sélectionnées, nous demandions l’autorisation aux habitants de coller sur leur mur.
Le collage s’est étendu du mur extérieur à l’intérieur de la structure où nous avons collé des photos en grand format sur les divers préfabriqués collectifs et individuels. Parallèlement, nous organisions un espace avec tables, chaises, peintures, pinceaux et supports divers. L’atelier d’arts plastiques permettait d’engager une nouvelle dynamique participative avec certains habitants sensibles à cette forme d’expression. Les membres de l’équipe ont également participé.

Une dynamique collective

Le cadre se voulait convivial, agréable, avec café, thé et musique. Un espace bienveillant et plaisant participait à favoriser l’engagement des personnes dans l’activité et l’émergence d’une expression libre.

Progressivement, les habitants se sont montrés plus présents et ont enrichi la dynamique de l’atelier. Pour autant, cette évolution n’a pas été linéaire. Nous avons sans doute éveillé la curiosité des habitants mais tous n’ont pas participé activement.

Bien souvent, tout se jouait dans l’instant et il était difficile de prévoir la participation qui dépendait de nombreux facteurs. Il nous est arrivé de ne croiser que quelques habitants dans la journée. Cela ne nous a jamais empêché de nous rendre visible en collant des photos et en peignant.

Nous nous sommes adaptés à cette temporalité si particulière qui régnait à La Place. Ainsi, dans le respect de ce lieu d’habitation atypique et avec la confiance des habitants et de l’équipe, nous avons pu réaliser des prises de vues de leur quotidien.

Naissance du projet

La Place en images :

Le projet du livre a débuté fin 2010, lorsque La Place risquait de fermer. Il était important pour nous de laisser une trace de l’existence d’un tel lieu dans le paysage « social ». Pour cela, la réalisation d’un livre contenant photos et paroles des personnes concernées nous paraissait pertinente.

La fermeture de La Place était programmée pour juin 2011 et nous souhaitions réaliser un objet souvenir avant la date ultime. Il n’était pas pertinent de raconter en détails La Place aux personnes qui l’avait vécue. C’est pourquoi, nous avons décidé de réaliser un premier livre plus proche d’un album photo que d’un photo-reportage. L’objectif était d’offrir un témoignage par l’image, agrémenté d’une présentation succincte de la structure et de citations des professionnels et d’habitants récoltées lors d’interviews. Il retrace l’essentiel du quotidien de ce lieu si atypique. Il a été imprimé à cent exemplaires et uniquement diffusé aux personnes qui ont vécu l’aventure de ce lieu à savoir les habitants, les membres de l’équipe et les partenaires.

Deux ans après la naissance de ce projet d’édition, le second livre, à destination d’un public plus large, est entre vos mains .

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